Notice succincte :
La cathédrale Saint-Etienne est un édifice tant singulier que complexe. A en juger par sa nef désaxée, son faux transept et son choeur disproportionné, il est difficile de comprendre quelle fut la volonté des maîtres d'oeuvre à l'origine de son édification. Elle est en réalité le résultat d'une succession de partis architecturaux distincts et indépendants des campagnes de construction précédentes, s'échelonnant entre le 11e et le 20e siècle. L'intérêt et la grâce de cet cathédrale découle de cette riche histoire, qui permet aujourd'hui d'apprécier l'évolution et les hésitations de l'architecture religieuse toulousaine sur plus de huit siècles.
Commentaire historique :
La cathédrale Saint-Etienne résulte de plusieurs campagnes de construction qui s'étendent du 11e au 20e siècle. Un premier édifice roman est édifié à l'initiative de l'évêque Isarn, qui entreprend de réformer le chapitre de son église à partir de 1073. On estime qu'il mesurait 20 mètres de large sur 85 mètres de long. Des vestiges de ce bâtiment sont conservés au niveau du mur sud du choeur et des murs nord et sud de la nef actuelle. Au début du 13e siècle la cathédrale est rebâtie sur les fondations de l'ancienne : elle est large de 19 mètres et haute de 20 mètres. Seule la nef est conservée. Elle est considérée comme le premier exemple du gothique méridional, qui trouvera son développement notamment dans l'église des Jacobins. Un demi-siècle plus tard, l'évêque Bertrand de l'Isle Jourdain accède au trône épiscopal. Il projette de faire élever une cathédrale nouvelle qui rivaliserait avec les grands édifices gothiques du nord de la France. Le plan de l'édifice conçu est très proche de la cathédrale de Narbonne, commencée peu avant avec des objectifs similaires. En 1272, la construction du chevet est commencée. Les travaux s'arrêtent à la hauteur du triforium du choeur. Il faut attendre le 15e siècle pour que de nouveaux embellissements soient entrepris. L'archevêque Pierre du Moulin fait remanier le portail de la façade occidentale, sous la rose. Au milieu du 15e siècle, Bernard de Rousergue raccorde le choeur à la nef et fait construire deux nouvelles chapelles. En 1518, la grande sacristie est édifiée au nord-est du choeur par le maître d'oeuvre Jean Clari. Au début du 16e siècle, le cardinal Jean d'Orléans fait élever un pilier monumental probablement en vue de la construction d'un transept, qui ne sera finalement pas construit. Une chapelle du choeur ainsi que le clocher datent également de son épiscopat. En 1609, un incendie détruit la toiture du choeur de la cathédrale, qui n'était encore qu'une charpente provisoire, et une partie du mobilier. Des travaux de réfections sont entrepris sous la direction de l'architecte Pierre Levesville, qui fait élever à la hâte les voûtes d'ogives et leurs arcs-boutants. Plusieurs projets de reconstruction visant à harmoniser le choeur et la nef se succèdent jusqu'au 20e siècle. C'est finalement celui de l'architecte en chef des Monuments Historiques, Saint-Anne de Louzier, qui sera adopté en 1911. Les travaux prévoient de doubler la nef par la construction d'un bas-côté et de construire un portail monumental sur la façade nord. Finalement, seule la seconde partie du projet sera réalisée. Au sud de la cathédrale se trouvaient le cloître détruit à la Révolution et l'église Saint-Jacques, détruite et remplacée après 1811 par la chapelle Sainte-Anne. Construite sans doute au 9e siècle, l'église Saint-Jacques faisait partie du groupe épiscopal avec Saint-Etienne. Elle abandonne peu à peu ses fonctions liturgiques au profit de Saint-Etienne et devient le siège des confréries Saint-Jacques et Sainte-Anne. Le prolongement de la rue Sainte-Anne en 1811 entraîne sa destruction et la construction à son emplacement de la chapelle Sainte-Anne, du nom de la confrérie qu'elle accueillait. D'après Jules Chalande, elle n'est achevée qu'après 1830. Les corps de bâtiments accolés à la cathédrale et ouvrant sur l'impasse de la Préfecture abritent un logement et l'escalier de la bibliothèque du clergé construite à la demande de l'archevêque Loménie de Brienne en 1775 (inscription gravée dans la cage d'escalier) par l'architecte Jean-Arnaud Raymond. Sur la rue Sainte-Anne, un long bâtiment a été construit après 1830 et récemment remanié.